Upro-G Challenge

Le mystère de Montrouge

Challenge Upro-G – Février – Un fait divers

Pour préparer ce post, je me suis plongée dans les journaux anciens en ligne (sur le site des Archives départementales de la Vendée), et notamment dans les exemplaires d’un journal intitulé La Vendée Républicaine : http://recherche-archives.vendee.fr/archives/fonds/FRAD085_4num291 .

J’avais déjà eu l’occasion de fouiller dans ce journal, notamment dans les tous petits articles mentionnant les faits divers ayant eu lieu dans région. Ils relatent des faits variés dont certains sont truculents :

La Vendée Républicaine, décembre 1886 – 4 Num 291/1
La Vendée Républicaine, décembre 1886 – 4 Num 291/1

Mais l’un d’eux a particulièrement attiré mon attention. Il s’agit de celui-ci :

La Vendée Républicaine, décembre 1886 – 4 Num 291/1

La découverte d’une partie de corps humain est assez rare dans une ville comme la Rochelle. Mais ce qui a piqué ma curiosité n’est pas tant la découverte que la référence à la femme découpée en morceaux de Paris.

J’ai donc voulu chercher cette femme.

Pour situer le contexte, M. Taylor, mentionné dans l’article, est le Chef de la Sûreté de Paris entre 1885 et 1887. C’est son service qui est en charge de l’affaire. Le cadavre de cette femme a été trouvé le 05 août 1886 à Montrouge (sud de Paris). Selon les archives anthropologiques, il s’agit d’une femme de 22 ans, dépecée en 7 morceaux. Le magasine Détective revient sur cette affaire dans un long article sur les dépeceurs, en avril 1938. On y apprend que la tête de la victime manquait au moment où elle a été découverte.

Archives de l’anthropologie criminelle – Tome 1 – 1886

J’ai continué mes recherches avec la presse. Le Journal de Roubaix, en novembre 1900, nous fait un état, une sorte d’étude, sur les dépeceurs. Dans cet article, le journaliste parle de plusieurs cas de dépeçage, et notre affaire y apparait. Malheureusement, elle est relatée dans les affaires non élucidées. Toutefois, quelques informations supplémentaires viennent compléter mes recherches : les morceaux de la femme de Montrouge avaient été « enveloppés dans une toile cirée blanche, du genre de celles qui servent à couvrir la table de famille, dans les ménages pauvres ». Une sorte de fil à fouet a également été utilisé pour nouer la toile, accompagnée d’un morceau d’étoffe. L’auteur nous apprend que cette toile a également été utilisée dans un autre meurtre à Ménilmontant (20e arrondissement de Paris) en 1886. Sur cette affaire, l’assassin avait fait deux paquets avec les restes de sa victime et les avait jetés à deux endroits. Même chose que pour le meurtre de Montrouge, deux ans plus tard. On peut donc être en droit de se poser la question d’un même assassin pour ces deux affaires…

Extrait de l’article du Journal de Roubaix – Novembre 1900

J’ai fait la demande du dossier d’instruction à la Préfecture de Paris. Je suis pour l’instant dans l’attente de la réponse des services, je ne manquerais pas de vous tenir au courant !

Donc, à ce jour, le mystère de Montrouge (et par extension celui de Ménilmontant) reste entier.

Upro-G Challenge

La cloche de brume

Challenge Upro-G – Janvier – Une cloche

Quand la mer joue des tours aux marins et aux habitants des côtes, il est bon de trouver des moyens de se protéger. La cloche de brume (ou corne de brume) en est un.

Les bateaux en sont tous dotés.

Mais je voulais vous parler de celles qui sont installées sur les côtes et dans les ports, afin de permettre aux marins de trouver facilement leur chemin par temps bouché. Les cloches de brume ont le même rôle que les phares, en utilisant le son. Un code est d’ailleurs employé et connu des marins, selon les messages à faire passer.

En Vendée, on trouve des cloches de brumes dans plusieurs ports, et notamment celui de Port-Joinville sur l’Ile d’Yeu. Le Conseil général de la Vendée en a demandé l’installation à l’extrémité de la jetée nord-ouest du port en 1889. Il souhaitait alors coupler cette installation avec la mise en place d’une sirène dans « le grand phare de l’île ».

Grand Phare de l’Ile d’Yeu – Source : site internet des Phares de France

La sirène du phare ne sera installée que plus tardivement, car elle dépend de l’alimentation électrique du phare, elle-même ajournée.

Toutefois, la cloche est jugée nécessaire pour « assurer, en temps de brume, aux embarcations de pêche et au bateau-poste de l’Ile d’Yeu les moyens de ne pas manquer l’entrée du port à l’heure de la marée » (lien vers les actes du Conseil général de Vendée).

La cloche sera finalement mise en place à l’extrémité de la passerelle de la Galiotte, et ce, sur conseil des ingénieurs des Ponts et Chaussées. Le montant des travaux est estimé à 520 francs, et est financé par le Conseil général. La commune de Port-Joinville assure en contrepartie les frais de fonctionnement du signal sonore. La cloche était actionnée manuellement par les habitants.

La passerelle de la Galiotte, ou estacade, a été construite, quant à elle en 1880. Elle mesure 205 mètres de long et était utilisée comme chemin de halage pour accoster au retour de la pêche. Aujourd’hui, la passerelle de la Galiotte est en cours de déconstruction.

En 1930, la cloche de brume de Port-Joinville a été emportée par une tempête comme le témoigne l’article ci-dessous.

La Parole Républicaine – 08 février 1930 – Source : Archives départementales de Vendée

Les cloches du port de l’Herbaudière (sur l’île de Noirmoutier, et en image ci-dessous) et du port de Saint-Gilles ont été installées en 1899.

Archives départementales de Vendée – 1 Num 381-41
Upro-G Challenge

Statue du saint-patron d’un lieu de culte

Challenge Upro-G, semaine 19

#projet52uprog

Le saint patron, c’est Saint-Pierre. Le lieu de culte, c’est l’église de la commune du Boupère en Vendée. C’est de là que je viens.

Statue de Saint-Pierre, saint patron de l’église du Boupère (Vendée)

Cette église, elle est emblématique du bourg. Vous savez, elle fait partie de ces choses dont on a tellement l’habitude qu’on ne les voit plus.

La thématique du saint patron a été l’occasion pour moi de revisiter l’église de mon village de façon plus poussée, plus intéressée, plus attentive. Je suis donc allée la revoir, avec un œil nouveau, plus curieux. J’ai pris le temps de la regarder, d’en faire le tour extérieur (je me suis aperçue que je ne l’avais jamais vraiment fait), d’en explorer l’intérieur.

Pour la situer dans le temps, voici quelques dates (c’est mon côté historienne). La construction s’est déroulée en trois temps :

  • A la fin du XIIe siècle, on construire l’église d’origine. Elle est en forme de croix latine, et dotée d’un chœur à chevet plat.
  • A la fin du XVe siècle, l’élargissement sud de l’église est réalisé, et ce en même temps que la reconstruction de la façade occidentale.
  • Au XIXe siècle, un second transept au nord est construit. Le chœur est reconstruit. Nous sommes dans les années 1867-1868. Puis entre 1889 et 1891, le second transept nord et le clocher actuel sont érigés.

Je vous mets un petit plan, histoire de s’y retrouver (source : dépliant rédigé par les services de la mairie du Boupère).

Plan des différentes étapes de construction de l’église depuis le XIIe siècle

Une des particularités de cette église est qu’elle est fortifiée, comme un château-fort. Elle possède des archères et des canonnières, des mâchicoulis, un chemin de ronde couvert (juché à 15 mètres de hauteur), des créneaux, deux guérites sur sa façade, des contreforts. Ces fortifications ont été apportées à l’édifice durant la Guerre de Cent Ans (1337-1453).

Je vous mets aussi quelques photos extérieures de l’église.

Avis aux curieux, aux touristes, aux habitants du coin, si vous souhaitez venir la visiter, elle est ouverte tous les jours, en entrée libre (sauf en cas d’office religieux). Et si vous souhaitez avoir plus amples explications, des visites guidées sont organisées pendant la saison estivale. En basse saison, des audioguides sont à votre disposition au Café des Sports, en bas de la rue (l’occasion de boire un petit café et de causer).

L’histoire même de l’église du Boupère est elle aussi riche et rythmée. Je vous la raconte dans le prochain post ! Un peu de patience !

Upro-G Challenge

Photo d’un poilu

#projet52uprog

Voici mon arrière-grand-père paternel, Germain Charrier, quelques dizaines d’années après la Première guerre mondiale. Il a été poilu, il est arrivé aux Armées le 07 août 1914. Il a été fait prisonnier le 13 octobre 1914 à Roubaix, et interné au camp de Merseburg, en Allemagne (province de Saxe).

Il est rapatrié le 18 janvier 1919, et rentre au dépôt le 22 mars 1919.

4 ans et demi d’absence. Je n’ai malheureusement pas retrouvé de lettres, d’écrits de sa part. Quand il est parti à la guerre, il avait 22 ans, il n’est pas encore marié, il n’a pas encore d’enfants.

Pépé Germain est décédé le jour de mon premier anniversaire, en 1984. J’ai une seule photographie avec lui, prise peu après ma naissance. Dans ses mains immenses, j’ai l’air minuscule. Je ne sais pas comment expliquer ce ressenti que j’éprouve quand je parle de lui, une sorte de paix, de calme. Mon père me dit qu’il était gentil et patient. N’est-ce que ce qui émane de lui sur ce portrait ?

Aujourd’hui, je cherche à en savoir un peu plus sur ses conditions de vie au sein du camp. D’après les rapports de visite rendus par la Croix-Rouge, les conditions n’étaient pas exécrables (nourriture suffisante, installation de douches, disparition de la vermine). Seul le manque de pain quotidien est noté. Mais ce que je veux savoir, c’est le reste : est-ce qu’il travaillait ? Si oui, où ? Que faisait-il ? Toutes ces questions sont en cours de creusement, elles feront l’objet d’un prochain billet !

Upro-G Challenge

Microfilm

#projet52uprog

La vie d’un bagnard, à travers un microfilm…

De nombreux documents d’archives ont été microfilmés avant d’être numérisés. C’est le cas pour l’état civil, travail effectué par les Mormons, tout au long du XXe siècle. Ce travail a commencé dans les années 1960 pour la France. L’église mormone a signé un accord avec le Ministère de la Culture afin de mener ce travail dans les meilleures conditions.

Ces microfilms sont conservés à Salt Lake City (Utah), aux Etats-Unis. Ce travail avait deux principaux objectifs : l’église mormone permettait à ses membres de pouvoir faire baptiser leurs ancêtres français, et les Archives départementales, en France, récupéraient un double de chacun des microfilms. En 50 ans, 80 % de l’état civil métropolitain est microfilmé, et l’accord avec le Ministère de la Culture a été révisé en 1987 et en 2002.

Mais le microfilm ne concerne pas seulement l’état civil…

Un de mes amis m’a un jour demandé de faire quelques recherches à propos du cousin de son grand-père, Louis DAVID. Louis était la personne dont il ne faut pas parler dans la famille, celui qui fascine, celui dont tout le monde a une anecdote à raconter à son propos, mais celui dont finalement on ne sait pas grand-chose.

Mon ami avait déjà commencé les recherches, en collectant des coupures de presse et les témoignages des anciens de sa famille sur les petits délits que Louis avait commis qui l’avait conduit jusqu’au bagne. Ce fut le début de l’enquête.

J’ai commencé par chercher, et trouver, les jugements des tribunaux de Nantes et Saint-Nazaire le concernant. Et à travers cela, la condamnation au bagne en 1938. Louis est parti à Saint-Laurent-du-Maroni avec le dernier bateau, depuis Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime), en novembre 1938.

Mes recherches continuent, car je savais que les dossiers des bagnards étaient conservés aux Archives nationales de l’outre-mer, à Aix. Je ne pouvais pas m’y déplacer, un très chouette monsieur, prénommé Serge, a fait ces recherches pour moi sur place. Il a pu consulter le dossier individuel de Louis DAVID, dont une partie est sur microfilm (petit extrait ci-dessous) !

Upro-G Challenge

Tâche sur un acte

#projet52uprog

En juillet 2015, la maison de ma grand-mère maternelle a brûlé. Le grenier et l’étage ont été complètement détruits.

Dans les décombres, ma grand-mère a sauvé plusieurs choses qui lui étaient chères, qui ont miraculeusement échappé aux flammes : une partie des photos de famille, des livres, une photo d’un de mes ancêtres pendant son service militaire chez les cavaliers.

Elle a également réussi à retrouver une série d’actes notariés concernant la famille de mon grand-père paternel, 25 pour être précise, allant de 1823 à 1971.

Et elle me les a donnés… J’ai découvert leur existence à ce moment-là, j’ignorais que ces actes étaient dans sa maison. Elle n’en avait jamais parlé, sûrement en se disant que cela n’intéresserait personne.

Le choc de l’incendie lui fait voir les choses différemment, et ces actes représentent une partie de la vie de ma branche maternelle. Par les actes notariés, on peut apprendre beaucoup sur le style de vie des gens, leurs biens, leurs pérégrinations.

Je vous raconterai bientôt l’histoire de la branche Fièvre (famille de mon grand-père maternel) à travers le prisme des actes notariés. Ils donnent une autre dimension au récit, car ils parlent très souvent de choses très concrètes, des « terre-à-terre ».

La tâche que vous voyez sur cette quittance de 1868 est due à la suie de l’incendie, et aussi à l’eau des pompiers. Ma grand-mère et ma mère ont eu le réflexe de mettre ces actes à sécher chez mes parents, en les étalant et en les ouvrant, ce qui a sûrement évité le développement de moisissures.

Elles sont un peu des sauveuses d’archives familiales ! Merci à elles !

Quittance de 1868
Upro-G Challenge

Une signature ancienne

#projet52uprog

L’Union professionnelle de généalogistes (l’Upro-G), dont je fais partie, nous propose de participer à un challenge basé sur la diffusion d’une photographie en lien avec un thème imposé.

Cette semaine : « Signature ancienne »

J’ai donc commencé à regarder les actes de ma généalogie. Je dois avouer que jusqu’à aujourd’hui, je faisais assez peu attention aux signatures des actes (à tord, sûrement). Je me suis alors aperçue que la plupart de mes ancêtres (toutes branches confondues ou presque) ne savaient pas signer. Et ce jusque tard dans le XIXe siècle. Je n’ai pas encore étudié précisément les raisons potentielles de cela (tiens, voilà un nouveau sujet d’études !).

Toutefois, j’ai trouvé une exception ! Il s’agit d’un de mes aïeux directs, de ma branche maternelle, Alexandre Grelet, qui signe ici l’acte de naissance de son fils, Louis François, en 1831. Sa signature est franche et directe.

Et de votre côté, quel rapport entretenez-vous avec les signatures que vous pouvez trouver ? Vous font-elles imaginer les caractères de vos ancêtres ?